Mon entreprise, c'est d'inscrire sur ce site peu à peu toute ma poésie, depuis 1967,
Gorelli.
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au Moyen - Age en Méditerranée les gens de mer ont inventé pour se comprendre une langue avec des mots de tous les rivages: la LINGUA FRANCA
Caravelles par caravanes
suivent au zénith leurs chemins
traversent mille et une douanes
pleines de coton de satin
pleines d'oranges d'abricots
alcool safran ou artichauts
et quand ils risquent l'aléa
les marins fondent le calfat
Hommes des caravansérails
de tous les ports originaires
pour travailler ensemble ils parlent
LES VILLES QUI N'ONT PAS LA MER la lingua franca de la mer
Les villes qui n'ont pas la mer pleine de mots arabes grecs
au fond de leurs terres sont tristes pour commercer tirer des chèques
à sec comme un poisson amer pleine de mots latins persans
sans mouvement fermées sans risques pour jouer faire du ramdam
Alors qu'un port c'est l'ouverture pour des échanges de bazars
aux lointains les plus chimériques et pour le calcul des tarifs
aux Indes même aux Amériques pour les coups de dés du hasard
et dans la tête au rêve pur qui s'évaporent dans un chiffre
la vie pénètre dans la ville Hommes des caravansérails
avec ses voiles ses bordées de tous les ports originaires
d'humains de fruits d'étoffes mille pour vivre tous ensemble ils parlent
récits mille chants mille idées la lingua franca de la mer
les eaux de la mer renouvellent pour des soirées à la boussole
toutes les moeurs tous les échanges pour des noubas à la mandole
tout ce qu'on crie tout ce qu'on mange et des nuits entières de luth
sous l'albatros à l'azimuth
on est l'hôte des caravelles
Marins de Méditerranée
aux mille et un itinéraires
tracent au long cours des années
.../... la lingua franca sur la mer
BLUES MEDITERRANEEN Je suis de la planète Terre
et du liquide Mer
Si c'était un objet
ce serait une savate de là-haut on y voit
une vieille savate des forêts des plaines des monts
sur le trottoir on n'y voit pas une frontière
Si c'était une fleur avec les organismes qui y vivent
ce serait la rose ouverte à craquer les arbres les plantes les poissons
la nuit d'après qu'elle s'épanouit nous y sommes environ
quand les pétales se répandent quelques milliards de milliards de frères
Si c'était un fruit dans mon coin
ce serait la pastèque pleine de jus à craquer rond
le jour d'après qu'elle fut mûre les êtres sont un mélange
d'eau salée d'olive
et si c'était un jour de lueur de pierre blanche
ce serait le samedi d'aubergine et de melon
quand tous les pépins se dispersent de chaleur et d'orage
de bateaux et d'échanges
Si c'était un animal
ce serait le taureau tu vois
quand il écume des lèvres ce dont je peux te faire don
est fait de cette matière
à courir au long des plaines
traverser les marais avec en plus parfois
se jeter dans la vague ce que tout être peut avoir
d'imaginaire
Si c'était un pays
ce serait l'Atlantide Nous sommes de la planète Terre
le soir d'avant qu'elle s'enfonce .../... et du liquide Mer
*
IL Y A 2600 ANS EN MESOPOTAMIE
Une étoile verte le monde tourne à quelques pas
dans le ciel du jour aucun ne la maîtrise
la vie se déplie parmi les maîtres qui le disent
au ventre du delta alors quelques amis là
une ombre grandit moment par moment
sur la dune déserte la vie reconstruisent
c'est la première palme de chaque pierre du hasard
au front des humains de la moindre feuille ou brin d'herbe
la nature qu'on fiance sur lesquels passe le regard
dans le premier jardin près desquels les pas se perdent
amis là chacun se change de chaque goutte chaque roche
en prince babylonien qui nous rend le monde proche
par une porte féconde c'est un lieu ouvert
s'avance parmi les iris aux âmes ouvertes
tandis que le survolent les ibis c'est le cercle intime
l'abordent les poissons rouges des sensations secrètes
c'est le meilleur de la terre son nom l'indique
on le nomme paradis jardin public
*
c'est le cosmos en quatre pas
qu'une magie enclôt peut-être Dans des cérémonies de soleil
dans une lueur de lune neuve et d'air sans trouble
dans la puissance de chaque dans l'évidence du matin
graine de figue ou de datte la sérénité du soir
chacun en est le maître dans les intervalles du monde
chaque coeur en foule
chacun l'ami des dieux devient plus ce qu'il est
nul destin plus ne pèse n'est que ce qu'il vit
le pas léger sur des chemins Dans mon jardin se superposent
la tête ouverte à de purs souffles le mouvement la beauté
c'est l'haleine du divin des amis
que respire un jardin et nos métamorphoses
c'est l'indécise lisière
entre les hommes et le monde
la limite de nous-même
où nous regardons les choses
avant de nous confondre
dans l'universelle lumière
c'est une allée vers l'intérieur
de l'être son accord
une musique ancienne
qui nous mène le corps
une conversation simple
qui ne finit pas encore .../...
JUSTE AVEC LE MONDE
Me voici devant Une trompette m'a souri
un océan de sagesse parmi les hommes
sur le port les hommes se battent qui vivent avec le port
pour le poisson avec les goélands avec les poissons avec les goélands
une trompette sourit nous sommes à bord
à mon oreille d'un océan
à chacun BLEU
son lieu d'être
son appel La vie sans nuage
de visages que ne perturbe
son instant aucune charge
de passage ni corps obscur
le moment pur
son port sur la surface
en voyage lisse du temps
ses conteneurs c'est l'azur
de front
ses amères la vie sans ride
cargaisons qui glisse vers
un univers
c'est le quai des êtres limpide
vivants l'instant qui filtre
l'import-export un trouble amer
des sentiments en goutte fine
l'échange c'est marine
des continents
Bleu air
l'onde qui court les obstacles s'éloignent
de l'un à l'autre en l'homme
le calme la houle bleuit le calme
d'entre les hommes sur la sphère
les villes les foules la transparence
la vie mauvaise ou bonne bleu plus fraîche la vie
sous la lumière blanche
écoutez le son
auquel s'accorde
dans le désordre
cacophonique
le mouvement
de votre musique
être si juste avec le monde
qu'on y traverse
les instants
sans qu'on se blesse
aux sentiments
les uns des autres .../...
Regardons-nous dans les étoiles REGARDONS-NOUS DANS LES ETOILES
un peu plus hauts que nos pensées
un peu plus grands que nos miroirs
dans des triangles de planètes
qui désignent
des vies parfaites
dans des figures de l'espace
qui dessinent des faces
dans l'atmosphère les uns des autres
où nous pénétrons comme par des portes
parfois qui frottent
un peu
parfois qui chauffent
alors
nos boucliers de nuit se ferment
et des météores
en feu
se perdent
dans nos cheveux
mais regardons-nous dans les étoiles
un peu plus neufs que la coutume
un peu plus vrais que nos costumes
à des distances d'astronomes
et pourtant de la nuit
à la veille
de la bouche à l'oreille
d'une vie
à une autre vie d'homme
de l'un à l'autre la trajectoire
dépend de l'inclinaison
de chacun
selon son histoire
à chacun
selon sa passion
et pour que ne se désintègrent
pas nos histoires en électrons
se peut-il que chacun éclaire
l'autre sans que nous nous brûlions ?
Regardons-nous dans les étoiles
étoilons-nous dans nos regards
en équilibre sur les sphères
célestes de nos hasards
dans l'ellipse
de nos mystères
jamais de front il faut qu'on glisse
au travers
de nos univers
que nos boucliers s'évaporent
que la parole adoucisse
l'air
et que chaque mer
trouve un port.
Ecrit
entre 1986 et 2000
de retour à Marseille
Dit
à partir de 1987 dans les séances de "La Mer parle", que j'ai créé cette année-là, sur les îles: Château d'If, Phare du Planier, Frioul, Embiez, île Verte, en tournée sur le voilier "Le Don du Vent", dans un récital en solo ou concert poétique avec musicien(ne)s par mois environ, Médiathèque Alcazar, Jardin du Port Antique, bateau Le Marseillois, Ferry-Boat... île de Porquerolles, Château des Baux-de-Provence... à travers le Sud de Perpignan à Nice en passant par les Bibliothèques de l'Hérault, le Centre Giono de Manosque, ainsi qu'à Paris: Maison des Ecrivains, France-Culture, Centre Pompidou, Institut du Monde Arabe... Bruxelles: le Théâtre-Poème, en tournée: Ajaccio, Toulouse, Poitiers, Quimper, Roubaix, Colmar...
édité dans "Poème pour la Méditerranée" (europe-poésie, puis la vague à l'âme), "La Mer est ma Demeure" et "Juste avec le Monde" (l'harmattan), l'ensemble repris dans "Parolade de la Mer" (parole), et dans les cds musicaux "Iliade" (diffusion harmonia mundi), "Ports" et "Taverne Méditerranée" (parole)
Illustré
par un concert poétique sur le pont du "Don du Vent"