Mon entreprise, c'est d'inscrire sur ce site peu à peu toute ma poésie, depuis 1967,
Gorelli.
Je cherche un agenda pour le mois de novembre
j'y collerai la photo d'Apollinaire
il y a cent ans qu'il est mort
qu'il est mort de la guerre
A la radio passe du Ravel c'est un objet qui s'appelle
un radio-Ravel
Il y a des moments
où je me sens
en harmonie
avec le moment avec moi les gens
autour le paysage le ciel
je les appelle
les moments infinis
A la radio maintenant j'écoute le jazz
c'est le coeur qui bat
Lendemain de manif sur la place
comme si de rien n'était passé
les clameurs les slogans les mots d'ordre des banderoles
se fraient-ils encore un chemin quelque part vers
leurs destinataires ?
Si nous voulons de la campagne à la ville
allons au marché
les tomates les gros poivrons et les petites courgettes
n'auront pas peut-être
parcouru trop de kilomètres
Les figues du figuier sont les meilleures
parce que je suis avec elles dans l'arbre les feuilles les oiseaux
les figues du village d'à côté sont meilleures que les figues de loin
car elles n'ont pas le goût de l'essence des pneus de camion du bitume d'autoroute
L'Afrique au coin de nos rues
si nous ne voulons pas qu'elle vienne ici
n'allons pas là-bas
ici elle cherche une aide un travail
là-bas nous pillons
sa platine son chrome et son diamant
sa bauxite son uranium et son or son café son cacao
Trois heures du matin
à l'hôtel des carrefours du monde
des russes se disputent à pleine voix
il semblerait qu'ils s'imbibent bien
des indiens s'interpellent comme en plein jour
sans doute à cause du décalage
j'appelle le veilleur de nuit maghrebin
demain j'en parlerai à l'hôtesse roumaine
Dans la ville - monde tu croises des gens du monde entier
tu ne sais plus où tu habites qui tu es
tu te fonds
parmi les noms
de pays de famille
tu deviens doucement anonyme
tu es vraiment au monde
Ils courent sur une Promenade
c'est un contresens
ils soufflent ils souffrent
qui les condamne
à tourner l'un derrière l'autre
dans un cercle infernal ?
Au-dessus les avions se précipitent sur l'aéroport
l'un derrière l'autre
dans un cercle infernal
déversant leurs carlingues
à la grande chaleur du Sud
En traversant la route attention
aux voitures aux bus aux motos
en traversant la piste cyclable attention
aux vélos aux rollers aux skates
sur le trottoir attention
aux trottinettes aux gyropodes aux monoroues
enfin sur la plage attention
aux drones et aux drones marins dans l'eau
Le bouddha de la plage
est assis au lever du soleil
entre pierre ciel et mer
immobile dans l'univers
il ne s'agite plus
entre joggeurs bateaux avions
et la circulation
Nous n'irons plus au bord Il pleut il pleut Hôtesse
les palmiers sont coupés rentre c'est la Mousson
le charançon que voilà
ira les grignoter Il court il court le joggeur
entrez dans le commerce le joggeur des plages mesdames
des plantes d'ornement elle court elle court la joggeuse
sans respecter la quarantaine la joggeuse des plages messieurs
d'Asie provenant les belles sportives
voyez comme il creuse creusez creusez font comme ça
dévorez qui vous voudrez les beaux sportifs
font comme ça
Les pulls les pantalons les casquettes les sacs
aux motifs militaires
préparent tout le monde
à la guerre
Salut au poète
Appeau Apollon Apollinaire !
de son nom originaire
Kostrowitsky
inventeur de la poésie moderne française
Ecrit
en Octobre - Novembre 2018
Dit
un extrait: "les moments infinis" Mediathèque Nucera de Nice notamment, Mars 2022, dans un récital auquel j'ai donné ce titre, pour "le Printemps des Poètes", avec le contrebassiste Bastien Boni
Illustré
par une image du récital
pour les 100 ans d'Apollinaire
dans l'Auditorium
de la Mediathèque Nucera
de Nice
en Novembre 2018